LES LANDES, UNE FORÊT DEVASTEE

LA MAIN DE DIEU
Pris dans la tourmente ce 24 janvier 2009 – je réside dans la forêt landaise – il m’a fallu du temps avant de présenter ce projet. Désorienté comme tous les habitants du Sud-ouest de la France, l’homme d’images a pris le dessus. La forêt la plus étendue d’Europe, j’en avais fait un livre un an auparavant. Une forêt debout et fière que j’avait immortalisée.

C’est encore en contemplatif que j’ai voulu traduire ce drame végétal. J’ai essayé de montrer une certaine grâce au milieu de la désolation. J’ai écarté dans mes images la main de l’homme : pas d’interventions humaines mais juste les dégâts provoqués par Klaus. J’y ai vu des vestiges et des ruines me rappelant plus les vielles pierres de bâtiments anciens que des débris. Ces images témoignent de la beauté de ces décombres. Comme un remède à la disparition, à l’absence de mon environnement proche.

La pierre reste, pas le végétal. Il ne subsistera rien, à part les images, de ce pillage climatique. Il nous faut donc en sauvegarder les traces. La méthode peut varier selon la perception de chacun. Moi j’ai décidé d’en garder l’esprit d’ une certaine élégance. A l’instar de l’artiste qui ne voit qu’une étrange splendeur au milieu du saccage qui l’entoure.

Mes clichés ne rendent pas hommage à Klaus, loin de là. Mes intentions ne sont pas neutres et la tempête ne me laisse pas de bons souvenirs. Mais je dois avouer que ces arbres et ce décors sculptés par le vent, ces déchirures improbables, l’ensemble baignée par des lumières saisissantes, engendrent une ambiance unique . L’atmosphère d‘une exécution impitoyable par une nature qui affirme sa puissance se mêle à celle d’une mort héroïque des végétaux qu’elle a anéantis.